LA LETTRE AUX ACTIONNAIRES - N°89 PRINTEMPS ÉTÉ 2025

Assemblée générale

DISCUSSION GÉNÉRALE : VOS QUESTIONS, NOS RÉPONSES

Lors de l’Assemblée Générale, les actionnaires ont eu l’occasion de prendre la parole et de poser leurs questions. Découvrez un résumé de certains thèmes abordés au cours de ces échanges entre L’Oréal et ses actionnaires.

L’Oréal a atteint un niveau de marge record en 2024. Souhaitez-vous poursuivre cette dynamique et quel sera l’impact sur vos investissements en Recherche & Innovation et en marketing ?

2024 a été une nouvelle année d’amélioration de la marge, malgré un contexte compliqué. Dans les bons comme dans les mauvais moments, nous parvenons à faire progresser notre marge de façon régulière et progressive. En 2025, nous avons l’ambition de continuer sur cette lancée tout en maintenant nos investissements dans des domaines clés qui font la force du Groupe aujourd’hui et pour le long terme, notamment en Recherche et Innovation (à hauteur de 3 % du chiffre d’affaires) et en moyens publi-promotionnels. La gestion rigoureuse de notre marge brute et de nos frais de fonctionnement reste notre priorité.

Quel sera l’impact des mesures douanières aux États-Unis pour L’Oréal ?

Comment l’organisation du Groupe permet de réagir efficacement à ces décisions ?

Cette politique de mesures douanières affecte toutes les entreprises dans le monde entier. L’Oréal se trouve dans une situation plutôt favorable grâce à son empreinte géographique, qui est l’une des plus diversifiées de notre secteur : nous comptons 36 usines à travers le monde, qui produisent au plus près des consommateurs. Nous avons renforcé cette présence locale et réduit notre dépendance à certains marchés. Aux États-Unis, nous comptons plusieurs usines où sont fabriquées un peu plus de 50 % des unités vendues par L’Oréal dans le pays, qui représentent un peu moins de la moitié du chiffre d’affaires réalisé sur ce marché.

L’impact des mesures douanières estimé à date, sur la base du contexte actuel qui est très changeant, représente à peu près 50 points de base pour L’Oréal sur l’année, essentiellement sur le second semestre. Nous avions anticipé ces mesures en prévoyant des stocks, notamment de produits de luxe, en début d’année aux États-Unis. De plus, nous avons la possibilité de continuer d’adapter notre empreinte géographique et de valoriser nos produits et innovations.

Le ralentissement en Chine est-il conjoncturel ou structurel ?

La Chine a été un puissant moteur de croissance pour le Groupe pendant quasiment une décennie. L’Oréal a été une des premières entreprises occidentales à vraiment implanter son activité beauté en Chine, il y a plus de 25 ans. Après le Covid, l’indice de confiance des consommateurs chinois a baissé, mais nous pensons que cela est conjoncturel. Sur les 400 millions de consommateurs qui peuvent acheter nos produits, L’Oréal n’en touche que 100 millions. Il reste encore à faire pour séduire ces consommateurs, y compris dans les villes moyennes ou petites. De plus, la Chine est déterminée à relancer sa consommation en prenant des mesures adaptées. On ne sait pas exactement combien de temps cela va prendre. On constate également que la population chinoise aime la beauté, le luxe et les produits de qualité ; même s’il y a plus de concurrence locale qu’auparavant, L’Oréal est de très loin le N° 1 sur ce marché. Nous allons donc continuer d’innover pour stimuler l’appétit de beauté de ces consommateurs.

Où en êtes-vous dans la catégorie des produits pour homme ?

Les hommes, et notamment les jeunes générations, font de plus en plus attention à eux et investissent dans leur beauté. C’est très clairement un de nos axes de développement. À part en parfums masculins, où L’Oréal est très fort, nous sommes un peu sous-représentés dans ce segment. Nous sommes très actifs et les choses bougent, comme l’illustre par exemple le lancement réussi d’Elsève Growth Booster, qui favorise la repousse des cheveux. Nous capitalisons également sur de nouvelles marques qui sont par nature unisexes, comme CeraVe, qui sert aux États-Unis 50 % d’hommes et 50 % de femmes, parce que le nom de la marque, le packaging, le parfum, la qualité des textures et la communication font que c’est une marque qui s’adresse aussi bien aux hommes qu’aux femmes. L’Oréal compte donc poursuivre son développement sur le segment masculin.

En matière de concurrence, est-ce que les marques indépendantes ou locales sont des acteurs sérieux ?

Parmi les grands concurrents traditionnels, L’Oréal est le plus résilient et continue de gagner des parts de marché. Face à la concurrence des marques indépendantes – indiennes, indonésiennes, chinoises –, la force de L’Oréal est de combiner économies d’échelle et puissance d’un grand groupe, tout en gardant au niveau local une grande agilité afin de saisir les tendances et proposer des innovations qui répondent aux désirs de beauté des consommateurs. Le marché de la beauté attire beaucoup d’acteurs parce qu’il est en croissance. Mais il n’y a qu’un champion du monde : c’est L’Oréal.